Dans l'optique d'éduquer nos élèves à la lecture multimodale, nous deconstruisons aujourd'hui une partie d'une vidéo pour nous mettre à leur place et apprendre à comprendre tout type de média, et donc ici plus particulièrement la vidéo "Was der Konsum mit uns macht".
La vidéo commence par un plan sur de gros livres d'Histoire de l'homme, d'aspect ancien: cela rappelle le début d'un conte. L'un d'eux s'ouvre alors sur une page illustrée, qui se met progressivement en mouvement et commence à raconter l'évolution de la relation entre l'homme et son territoire, qu'il domine de plus en plus, pour finalement arriver à ce qui nous intéresse, à la 3ème minute, l'idéologie humaine qui a "gagné": la consommation de masse.
Scène 1
Image: Dans ce premier extrait de la vidéo, un collage représente un homme aux traits grossiers, avec un corps formé du signe "$" et un cigare à la bouche. C'est un géant, qui écrase tout sur son passage: forêts, animaux. Il s'agit ici d'imager l'insouciance des grands producteurs et grands propriétaires qui délaissent l'environnement au profit de l'argent et des bénéfices. Les couleurs de l'image montrent cette opposition: rouge, vert, bleu pour la nature, face au noir du consumérisme.
Son: Les grosses bottes du personnage s'écrasent dans un gros bruit sur les arbres et les petites bêtes tel le lapin et le chat. On peut aussi entendre une musique en fond qui fait penser à une musique d'enfant composée de différents sons: cloche, sonnerie de porte, percussions... et la musique change pour accompagner la chute du personnage. Cette musique et ces bruitages donnent l'impression de voir un enfant qui détruit tout sur son passage.
Scène 2
Image: Dans ce deuxième extrait, le désert est envahi par les infrastructures d'une station de ski, des habitants boivent en terrasse en plein hiver grâce à des lampes chauffantes, et les bureaux des entreprises sont allumés en permanence: ces trois plans différents convergent vers une même conclusion, l'énergie est gaspillée, dépensée sans compter.
L'enchaînement de toutes les images est aussi très intéressant : les dessins se transforment rapidement en d'autres formes, les couleurs d'une image glissent dans une autre (le jaune des lampes chauffantes devient le jaune des éclairages de bureau, puis celui des lumières des villes du monde), la caméra passe d'une vue horizontale à un plan de dé-zoom... Tous ces plans qui changent à grande vitesse renforcent l'impression de "toujours plus, toujours plus vite" qui est le crédo de la société de consommation.
Son: Le chameau émet un cri avant de se faire surpasser par le bruit de la station qui s'implante dans le paysage et celui du panneau de bienvenue qui atterrit dans le décor. Ensuite on entend les gens papoter otout seul
Texte: La voix off explique clairement le problème de gaspillage de l'énergie.
Scène 3
Image: ce troisième extrait s'enchaîne toujours de manière aussi rapide et fluide qu'auparavant, en suivant le parcours fumeux et pollueur des produits d'industries chinoises à travers le monde. On suit plus particulièrement l'itinéraire d'un jouet (un avion rose). On change de scène et donc les couleurs changent aussi, avec une dominante de rose qui rappelle la couleur de l'avion.
Son: On peut entendre dans cet extrait le bruit des bateaux qui transportent les marchandises.
Texte: La voix off parle plus précisément de la Chine et de son industrie. En outre les employés sont très mal payés et les usines polluent énormément.
Nous constatons que le code couleur change d'une scène à l'autre : le noir et le gris sont toujours présents, et suivant les scènes une autre couleur domine. Dans la première scène le vert est aussi très présent, dans la suivante c'est le jaune et le rouge et dans la dernière scène c'est le rose.
A chaque nouveau plan la musique ne s'arrête pas, ce qui crée un enchaînement entre tous les plans. Cela donne une impression de vitesse, d'avalanche qu'on ne peut pas stopper. Tout s'enchaîne, musique et images, ce qui crée un sentiment de stress et d'oppression. A la fin de la vidéo les bruitages laissent place à une chanson qui ressemble à un slogan publicitaire très gai et léger. Pourtant cela contraste avec le sens des paroles: les bouteilles personnifiées chantent "water from the bottle is better than the tab" tandis que la voix off explique que le coût énergétique de production des bouteilles est huit cent fois supérieur au coût en énergie d'acheminement de l'eau du robinet. L'ironie est donc évidente dans ce passage: la publicité rend tout attractif et joyeux, même ce qui est pourtant source de destruction. Ce passage laisse finalement un goût assez amère et amène à la réflexion sur sa ses propres décisions dans la vie de tous les jours.